Le rehausseur de crédit en difficulté Ambac, victime de la crise financière, a annoncé lundi qu’il déposait le bilan et se mettait sous la protection de la loi sur les faillites, faute d’avoir pu lever les capitaux qui lui auraient permis d’honorer ses obligations.
Après avoir prévenu depuis plusieurs mois que ce dépôt de bilan était possible sinon probable, Ambac a fini par déposer son dossier devant le tribunal des faillites de New York sans avoir obtenu l’accord qu’il espérait avec ses principaux créanciers. Dès la semaine dernière, le groupe avait expliqué qu’il renonçait au moins provisoirement à payer des intérêts dus, et qu’il risquait de déposer le bilan avant la fin de l’année.
Le groupe, dont le métier d’origine était de mutualiser le risque de défaut de paiement des collectivités locales et des Etats américains, mais qui s’était diversifié dans des activités d’assurance de crédit beaucoup plus risquées, lutte depuis plusieurs mois pour sa survie.
Les finances des rehausseurs de crédit, une activité traditionnellement rentable et peu risquée, ont été progressivement laminées par la perte de confiance des investisseurs dans la solidité de ce modèle économique.
En juin, Ambac avait procédé à plusieurs opérations de conversion d’obligations en actions pour éviter le dépôt de bilan, ce qui lui avait permis d’alléger ses dettes de 20,3 millions de dollars. Ambac a précisé lundi que son endettement s’élevait à 1,622 milliard de dollars.
L’action Ambac, qui ne valait déjà plus grand chose, chutait encore de 61,35% à 20 cents dans les échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York, pour une capitalisation boursière dépassant juste les 60 millions de dollars.
Pour Ambac, dont l’activité d’origine était très sûre, c’est une descente aux enfers précipitée: la société n’avait perdu qu’en juin 2008 la notation maximale chez les agences d’évaluation financière Standard and Poor’s et Moody’s. La perte de cette note l’avait instantanément fait dévisser. En effet son métier, comme celui de son concurrent MBIA consiste à faire bénéficier des émetteurs d’obligations moins bien notés de la meilleure note possible, pour leur permettre d’obtenir des conditions de financement plus favorables. Les rehausseurs s’engagent aussi à assurer le remboursement des titres en cas de défaut de l’émetteur.
Lundi, Ambac a expliqué que ses négociations avec les créanciers ne lui avaient pas permis d’obtenir leur accord pour une nouvelle opération de conversion d’obligations en actions. Pour autant un accord partiel a été négocié, grâce auquel Ambac espère pouvoir émerger plus rapidement du dépôt de bilan.
Le groupe doit présenter ses résultats trimestriels mardi. Il y a trois mois, il avait publié une perte nette de 57,6 millions de dollars, soit presque un retour à l’équilibre par rapport à la perte de 2,37 milliards de dollars publiée en août 2009, bénéficiant notamment d’une réévaluation (à hauteur de 201 millions de dollars) de ses produits dérivés.
New York, 8 novembre 2010 (AFP)