Réassurance mondiale : Une discipline à maintenir

Un pont détruit par une tempête.
Un pont détruit par une tempête.

CHRONIQUE – La perspective de S&P Global Ratings sur le secteur de la réassurance mondiale est stable. En effet, ce dernier bénéficie de conditions de tarification et de clauses contractuelles favorables.

De fait, les dix-neuf premiers assureurs mondiaux (en termes de volume de primes) ont affiché un ratio combiné de 91.5% en moyenne pour l’exercice 2023, en nette amélioration par rapport aux 99.8% affichés en moyenne sur les cinq années précédentes. Nous nous attentons à un ratio combiné compris entre 92% et 96% pour 2024 et 2025. Les réassureurs doivent cependant maintenir une souscription disciplinée s’ils veulent faire face aux risques inhérents au changement climatique, à l’urbanisation de la société, à l’inflation et à l’augmentation des expositions aux risques, notamment dans les régions où les catastrophes naturelles sévissent.

En 2023, l’industrie de la réassurance mondiale a vu sa rentabilité dépasser son coût du capital pour la première fois en quatre ans, et nous nous attendons à ce que cette tendance se confirme en 2024 et 2025. Cette amélioration des résultats provient de changements structurels affectant les conditions de marché en 2023, mais aussi d’ajustements stratégiques de la part des réassureurs : hausse de la tarification, rehaussement des niveaux de rétention, réduction des limites offertes aux cédantes, retrait des polices « aggregate », et conditions de contrats plus strictes leurs ont permis d’éviter des pertes élevées liées aux catastrophes naturelles de fréquences, dites périls secondaires tels que les tempêtes localisées mais de fortes intensités par exemple.

Toutefois, le secteur demeure exposé aux sinistres de pointe, moins fréquents mais plus dévastateurs. L’amélioration des résultats a aussi été portée par un niveau de rentabilité plus élevé des portefeuilles d’investissements. Les réassureurs ont également renforcé leur niveau de solvabilité tel que l’indique notre nouveau modèle de capital.

Nous continuons cependant d’observer avec attention le développement des réserves sur les contrats de responsabilité civile, notamment aux Etats-Unis, où les risques d’inflation sociale et économique demeurent présents, notamment pour les polices souscrites entre 2014 et 2019, lorsque le marché pour ces contrats a pu pâtir d’une tarification sans doute insuffisante. En 2023, plusieurs assureurs, dont Swiss Re, SCOR, Everest, AXIS Capital, et Markel, ont renforcé leurs provisions dues à ces expositions.

Enfin, la réassurance pour les contrats d’assurance vie a retrouvé un niveau de performance équivalent aux années pré-pandémie. Depuis lors, la rentabilité des capitaux propres s’est améliorée à 8.8% en 2022 et 11.6% en 2023, à comparer avec des niveaux de seulement 4.1% en 2020 et 3.7% en 2021. Nous anticipons une performance comprise entre 9% et 11% pour 2024 et 2025. Cependant, la réassurance vie demeure sensible aux changements d’hypothèses, comme l’a rappelé l’annonce faite par SCOR cet été concernant le développement défavorable sur différents risques, notamment Etats-Unis. Globalement, nous pensons que les fondamentaux du marché de la réassurance vie sont bons, soutenus par des barrières à l’entrée élevée qui s’accompagnent d’une volatilité des prix moindres.

Simon Virmaux, Associate Director, S&P Global Ratings

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